L’origine

La Knitters Limited est une des entreprises pionnières de l’industrie du tricot dans la province de Québec.

La compagnie d’origine portait le nom de « Acme Glove Works Limited » et aurait été fondée en 1906 par Charles Godfroy De Tonnacourt et John-Désiré Ouellette. À Montréal, l’entreprise a été située au 236 rue Craig Est; au cours des vingt années suivant sa fondation, d’autres usines seront ouvertes à Marieville, Saint-Tite et Trois-Rivières, en plus d’une tannerie à Joliette pour fournir le cuir.

L’usine de Marieville

Knitters Limited
Knitters Limited

En 1909, après avoir acquis la firme Larocque et complété son outillage, « Acme Glove Works Limited » conclut une entente avec la municipalité et s’établit à Marieville pour y fabriquer des bas et des chemises. Le 1er novembre 1910, Charles Godfroy de Tonnancourt et John-Désiré Ouellette forment la société « The Acme Knitting Mills » dans le but de faire affaire comme manufacturier de tricot et chemises (gilets de laine) à Marieville et à Montréal. De 1909 à 1912, sous la gérance de monsieur L. Marcoux, on ajoute des machines à tricot et la nouvelle industrie prend un essor considérable. En 1912, monsieur Joseph-Alfred Ouellette succède à monsieur Marcoux; le nouveau gérant organise la confection de gants et de mitaines de cuir dont il confie la direction à monsieur Abel Mercier, son beau-frère. En 1918, le nombre d’employés a augmenté au point qu’il atteint la centaine.

En 1920, « Acme Glove Works Limited » cède sa filiale de Marieville à messieurs John-Désiré Ouellette et Joseph-Alfred Ouellette, son frère. La « Knitters Limited » devient officiellement indépendante et est incorporée par les lettres patentes du 19 février 1920. Le 9 mars 1921, son siège social est déplacé de Montréal à Marieville. On met sur pieds le département des ventes;  sous l’habile direction de monsieur P. Laplante, les salles de ventes et entrepôt sont installées au 77 de la rue Vitré Ouest à Montréal. Au cours des années suivantes, rien n’est épargné pour assurer à l’entreprise des succès toujours croissants : personnel expert, outillage perfectionné, méthodes et procédés modernes, etc. Cette ère de prospérité a permis à la Knitters Limited d’ajouter à ses activités la confection de vêtements de cuir et de gants fins. On ajoutera même une filature et teinturerie à Lindsay, Ontario, dirigée par monsieur A. Barton.

En 1928, la compagnie achète la « Miller Knitting Mills » dont l’outillage est un peu plus tard transporté à Marieville. Cette transaction accroît encore l’importance de cette entreprise locale. La Knitters Limited augmente constamment sa production en se munissant de machineries tout-à-fait modernes.

 

Knitters photo noir et blanc
Knitters photo noir et blanc

Elle peut ainsi répondre aux exigences de sa clientèle. L’entreprise connaît une importante période d’expansion et génère de nombreux emplois, tant pour les hommes que pour les femmes.

En 1931, son commerce à l’étranger atteint un chiffre d’affaires très appréciable; depuis sa fondation, le personnel a plus que doublé, offrant du travail à quelque 300 personnes.

En 1935, Théodore Ouellette, qui avait occupé la fonction de contremaître, succède à son père à la gérance de la manufacture. Il est assisté de monsieur Émile Cadieux qui compte 25 années de service dans l’entreprise. La direction des départements de vêtements de cuir est confiée à monsieur D. Tessier et à Édouard Ouellette, son assistant, un fils de Joseph-Alfred. Le bureau est sous la direction de monsieur J.-G. Sabourin et de mademoiselle Blanche Maynard.

Toutefois, les difficultés connues par le secteur du textile dans la seconde moitié du 20esiècle entraînent l’entreprise dans une rapide décroissance. En 1982, la « Knitters Limited » emploie environ 55 personnes seulement; on y fabrique des vêtements de sport de même que quelques vêtements de travail.

Malgré les efforts pour maintenir sa production, ce fleuron de l’économie de Marieville doit définitivement cesser ses opérations.

La bâtisse est démolie la dernière semaine de novembre 1989. Plusieurs citoyens assistent avec nostalgie à la fin de cette usine qui porte tant de souvenirs, un lieu de vie pour plusieurs générations des familles marievilloises.

Knitters Ltd 1942
Knitters Ltd 1942

La famille Ouellette

John-Désiré Ouellette et Joseph-Alfred Ouellette sont les fils de Désiré Ouellette et Marie Boivin, mariés à la paroisse Notre-Dame-Immaculée-Conception (Notre-Dame-du-Lac) de Roberval, le 16 septembre 1862. Ils seraient les petits-fils de Jean Ouellet et Henriette Chamberland.

John-Désiré naît à Roberval, le 25 janvier 1867. À la Methodist Church de Montréal, le 8 février 1909, il épouse Ethel-May Galbraith, née en mars 1884. Homme d’affaire dynamique, il est le fondateur de la Knitters Limited de Marieville, tel que mentionné dans le texte précédent.

Il décède à Westmount, le 27 janvier 1938, à l’âge de 71 ans. Son épouse décède à Montréal, le 10 novembre 1949, à l’âge de 65 ans.

Joseph-Alfred serait né en août 1877. À l’église Sainte-Rose-de-Lima de Littleton (New Hampshire, États-Unis), le 18 juin 1900, il épouse en premières noces Marie Leclerc; née en juillet 1876, elle est la fille de Narcisse Leclerc et Émilie Bolduc. De ce mariage, nous avons trouvé onze enfants, soit six garçons et cinq filles, prénommés Édouard (1902-1983), Théodore (1903-1971), Béatrice (1906-1992), Irène (1907-1990), Raymond (1910-1968), Laura (1911-1985), Lina (1911-2008), Jean-Baptiste (1913-1964), Armand (1914-1917), Noëlla (1915-2005) et Rosaire (1917-1917). Les trois derniers enfants naissent à Marieville où la famille s’est établie vers 1914.

Son épouse décède à Montréal, le 24 août 1917, à l’âge de 41 ans; son corps est inhumé à Marieville trois jours plus tard en présence de son époux J.-A. Ouellette et de son beau-frère J.-D. Ouellette qui ont signé l’acte de sépulture.

En 1920, il s’associe à son frère John-Désiré pour fonder la compagnie Knitters Limited de Marieville, comme en fait foi le texte précédent.

Joseph-Alfred demeure veuf près de cinq ans. Puis, à Marieville, le 24 mai 1922, il épouse en secondes noces Mary-Lilian Kellum, après avoir passé un contrat de mariage le 17 mai chez le notaire Sainte-Marie. Sa jeune épouse de 26 ans, née le 7 septembre 1896, est la fille de Francis Kellum et Émilie Leclerc de Littleton (New Hampshire, États-Unis); elle est la nièce de Marie Leclerc et habite avec la famille depuis environ quelques années. Par ce mariage, il devient le beau-frère de Roland Préfontaine (époux de Cora-Béatrice Kellum), membre d’une autre famille de gens d’affaires florissants de Marieville.

Il occupe la fonction de maire de Marieville de février 1925 à février 1931. Le 18 avril 1931, il forme une société sous le nom de « Le Magasin Monnoir » afin d’exploiter seul un commerce comme marchand général; ce commerce est dissout le 23 mai 1935. Le 23 janvier 1937, il forme une nouvelle société sous le nom de « J.A. Ouellette Reg’d » qui fabriquera à Marieville des gants, mitaines, coupe-vent en mackinaw et cuir ainsi que diverses spécialités. Le 18 août 1937, lors d’une vente à l’enchère, on lui adjuge l’hippodrome du Club de Course de Marieville pour la somme de 1,100. $.

Joseph-Alfred décède à Venise-en-Québec, le 3 août 1956, à l’âge de 79 ans. Sa seconde épouse décède à Longueuil, le 24 septembre 1965, à l’âge de 69 ans.

Jean-Baptiste alias John Ouellette, fils de Joseph-Alfred et Marie Leclerc, voit le jour à Montréal, le 18 février 1913 et est baptisé le lendemain à l’église Saint-Enfant-Jésus; il est l’avant dernier des enfants de la famille, un des neuf qui ont survécu. À Marieville, le 2 septembre 1939, il épouse Madeleine Brosseau; née à L’Acadie, le 12 avril 1921, elle est la fille de David Brosseau et Marie-Anne Godin.

Il travaille pour son père à la J.A. Ouellette Reg’d jusqu’en 1946 alors qu’il s’établit à son compte et fonde la Ouellette Glove Works, manufacture de gants de travail. En 1957, il achète un restaurant à Saint-Jean.

Il décède à Iberville, le 25 décembre 1964, à l’âge de 51 ans.

Nous vous recommandons de voir le site Internet de sa fille Nicole à l’adresse suivante :

http://www.ouellette001.com vous y trouverez plusieurs informations et de magnifiques photos. 

Théodore Ouellette, connu sous le surnom de Teddy, est le dernier de la famille à avoir été administrateur et gestionnaire de l’entreprise marievilloise. Fils de Joseph-Alfred et Marie Leclerc, il est né le 12 septembre 1903. Doté de l’esprit entrepreneurial de la famille, le 13 avril 1931, il forme la société « Ouellette Radio » pour faire, à Marieville, le commerce de radios et

721 rue Ste-Marie, Marieville
721 rue Ste-Marie, Marieville

d’accessoires électriques; cette société est dissoute le 5 août 1935.

Il met fin à son célibat à 31 ans lorsque, le 24 juin 1935, à l’église Très-Saint-Cœur-de-Marie de Chambly, il épouse Albina Deneault, une célibataire de 44 ans; née le 1er novembre 1890, elle est la fille de Napoléon Deneault et Joséphine Morin. Le couple habite plusieurs années au 721 de la rue Sainte-Marie à Marieville et n’a pas de descendance; cette propriété avait été achetée en mars 1935 de Helen-Josephine Hemphill, veuve d’Edmond Guillet, un autre manufacturier important de Marieville.

Théodore Ouellette décède à Montréal, le 13 janvier 1971, à l’âge de 67 ans; son épouse décède à Greenfield Park, le 24 avril 1978 à l’âge de 87 ans.

Toponymie

À Marieville, la rue Ouellette, sur laquelle l’entreprise familiale était située, a été nommée en mémoire de cette famille qui a considérablement marqué la vie économique de la ville et contribué à sa prospérité pendant plusieurs décennies.


Sources : Société d’histoire de la Seigneurie de Monnoir, Dictionnaire de Marieville; Généalogie Québec-Registres du Fonds Drouin et Le nécrologue; BMS 2000; Index consolidé des mariages et des décès du Québec 1926-1996; site Internet de Nicole Ouellette.